EXTREMELY WICKED, SHOCKING EVIL AND VILE, biopic sous un autre angle

   Article rédigé par Isma Guerroumi.

Extremely Wicked, Shockingly Evil and Vile est sorti il y a un mois sur la plateforme Netflix. Réalisé par Joe Berlinger, mettant en scène le couple Lily Collin et Zac Efron, ce biopic du tueur Ted Bundy promettait un angle jamais traité…

-Attention, risque de spoil-

Quelques a priori

Dans notre précédent article où nous vous présentions le documentaire Ted Bundy : Autoportrait d’un tueur , nous énoncions quelques craintes quant à ce biopic. En effet, le réalisateur du documentaire semblait prendre parti du meurtrier, voir le justifier parfois. Les deux productions étant dirigées par Joe Berligner, nous craignons donc cette même subjectivité au sein de l’oeuvre fictionnelle.

Il nous faut évoquer une nouvelle fois la première bande annonce du film, montée comme si elle présentait un film d’action voir même comique… ce n’est donc pas sans a priori que nous avons commencé le visionnage du film…

Un angle inédit

La promesse de Berligner était d’offrir au spectateur un angle qui n’avait encore jamais été exploité : celui de faire défiler l’histoire depuis le regard de Liz Kendall, petit amie de longue date de Ted Bundy. Cette information est primordiale pour le visionnage du film, car on peut risquer de penser que les meurtres arrivent beaucoup trop vite dans l’intrigue. Or, lorsque Ted rencontre Liz, il a déjà du sang sur les mains. Nous n’assistons donc pas à la naissance du tueur, mais bien à l’arrivé d’un tueur dans la vie de Liz, mère célibataire et secrétaire.

L’ouverture du film est une alternance entre la dernière discussion de Ted et Liz au parloir, et leur première rencontre dans un bar une vingtaine d’années plus tôt. Ils sont tout les deux habillé en orange, ce qui donne presque  l’illusion qu’ils sont la même personne.

Le film termine par la sortie du parloir de Liz, après avoir brisé ce qui la liait encore à Ted. Telle une boucle, le film nous emmène dans les différentes étapes de l’attachement de la protagonistes pour le tueur.

Un pari réussi

Sans surprise, Ted Bundy a pendant longtemps l’air innocent, mais cela ne fait pas tâche cette fois ci puisque le spectateur est embarqué par le long processus psychologique de la protagoniste. Parce que finalement, le personnage principal demeure bien Liz, et c’est elle qui nous permet de nous rendre compte de la perversion de Ted. Ce choix scénaristique était certainement le meilleur à faire, et cela se confirme lors de la dernière scène …

Il y a tout de même quelques maladresses dans le film. Soulignons par exemple sa première arrestation qui peut être compliquée à comprendre. En effet, les différentes accusations provenant de plusieurs Etats s’enchaînent et peuvent être difficiles à suivre. Encore une fois, l’angle choisi justifie ce tourbillon d’informations. Il n’empêche que, pour être confortablement regardé, le film nécessite de connaître au minimum l’histoire du premier serial killer américain !

Pour citer un point fort du film : les victimes (connues) sont nommées dans l’oeuvre même. Berligner évite donc d’être accusé de glorifier un tueur au détriment des personnes à qui il ôte la vie. Au niveau de la réalisation, l’immersion est réussie grâce à l’utilisation des archives. Il y a d’ailleurs une alternance entre originales et reconstitutions : Ted Bundy apparaît sur un écran de télévision alors qu’une autre archive est complètement rejouée par Zac Efron.

Bref, Berlinger connaît son sujet et le manie avec justesse.

Les acteurs

Outre le scénario bien ficelé, la grande force du film est le casting, et particulièrement le duo en tête d’affiche.

Lily Collins joue Liz rongée par la culpabilité. On la voit osciller entre avoir la tête sur les épaule ou complètement la perdre. Celle ci sombre dans l’alcool et semble essayer de faire le deuil d’une relation toxique malgré les coups de téléphones répété de Ted. Liz sombre sous nos yeux et on compatit à sa douleur.

Zac Efron est lui dans la peau de Ted Bundy. Il faut avouer que sa ressemblance troublante avec l’homme qu’il incarne fait de lui le visage idéal pour le rôle. Aussi, on sent qu’ Efron a étudié son personnage et a adopté ses mimiques. Mais là où l’acteur nous convainc, c’est lorsqu’il joue Ted Bundy lui même en train de jouer un rôle, de mentir, de faire l’innocent accusé à tort. Les retours du Sundance Film Festival ne nous ont pas menti : Zac Efron a livré sa meilleure performance à ce jour.

Extremely Wicked, Shockingly Evil, And Vile est donc un coup de cœur de notre côté, reste maintenant à voir sil il sera nommé lors de la prochaines saison des récompenses !

 

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